Le 17 juin 2022, la Cour suprême du Canada a rendu son jugement dans l’arrêt Procureur général du Canada c. Collins Family Trust, 2022 CSC 26 (« Collins Family Trust »). Ayant été recotisés par l’Agence du revenu du Canada (« ARC »), les contribuables en cause cherchaient à obtenir l’annulation en equity de rapports juridiques – qui étaient librement choisis – pour cause d’erreur fiscale. La Cour a refusé d’accéder à la demande des contribuables. Ce faisant, elle infirme la décision de la Cour suprême de la Colombie-Britannique ainsi que celle de la Cour d’appel de cette même province. Alors que la jurisprudence de la Cour encadrait bien les demandes en rectification – un autre remède en equity –, elle ne s’était pas encore prononcée sur celles en annulation. Il est vrai que des tribunaux canadiens sont déjà intervenus pour soustraire des contribuables de l’application de conséquences fiscales négatives et inattendues. Or, les occurrences sont rares.
Dans les prochaines lignes, nous confronterons l’opinion majoritaire de la Cour suprême du Canada à celle de l’unique dissidente. Nous avons organisé cet article afin de vous permettre de diriger vos propres réflexions et de tirer vos propres conclusions. Pour ce faire, nous présenterons d’abord les faits à l’origine de la décision, soit les différentes étapes de la réorganisation entreprise par les contribuables au nom de la protection d’actif, ainsi que le droit applicable au moment de réaliser cette réorganisation. Ensuite, nous isolerons les principes qui ont guidé la réflexion des juges de la Cour. Puis, nous mettrons en exergue les principaux éléments de désaccord entre la majorité et la dissidente. Nous conclurons par un bref commentaire critique, qui se veut un moyen d’ajouter des dimensions à notre réflexion.